Posté par eqconews, le 11 juillet 2022
L'artiste peintre franco-gabonais Kassa M'Foubou expose sa nouvelle production sur le thème de la lecture et des livres, dans la ville du Dorat (Haute-Vienne) du 11 au 29 juillet 2022. L'exposition se poursuivra en août dans des galeries d'art de la capitale régionale de Limoges.
Par Alain Moundoumba
Quand j'ai découvert l'œuvre peint de l'artiste Kassa M'Foubou en 2009, j'ai très vite compris que j'avais enfin trouvé « mon » peintre, un grand peintre de notre époque, sachant l'exprimer par son art, comme tous ses prédécesseurs l'ont fait avant lui. Tout de suite, m'avaient fasciné à la fois la reconnaissance d'une certaine « figuration » (au sens où le motif d'une scène représentée est immédiatement compréhensible par le spectateur) et l'existence d'un traitement du sujet, à l'aide de certaines découvertes formelles des grands plasticiens du XXème siècle, tels Picasso, Braque, Chagall, qu'il considère comme ses maitres. Peu convaincu par certaines extravagances abstraites de peintres contemporains très célèbres, je fus immédiatement séduit par le décor géométrique d'inspiration cubique de ses personnages, accompagnant des femmes aux corps voluptueux et aux courbes féminines sensuelles réconciliant avec le naturel et la simple Humanité. Voilà me disais-je une peinture enfin accessible, compréhensible, sensible et qui parle à chacun d'entre nous, dans la modestie de nos existences ordinaires, qui ne nous sont pas moins précieuses...
Kassa (son nom punu de naissance est devenu également son nom d'artiste), a acquis la nationalité française et il vit en France depuis de nombreuses années. Qu'à cela ne tienne, tout le monde peut constater l'émergence universelle des Noirs dans tous les domaines des arts, des sports, de la culture en général et pourquoi pas également dans la peinture ? Certains sont déjà très célèbres comme Basquiat originaire d'Haïti et dont la carrière se déroula à New-York. Il ne sera pas dit que dans le vivier récent de l'immigration africaine en France, un champion de la peinture n'aura pas pu émerger, comme ce fut le cas au début du XXème siècle pour les Espagnols, Italiens et autres réfugiés de l'Europe de l'Est immigrés en France.
Mais qu'apporte donc Kassa de nouveau dans la peinture et en quoi son œuvre, commencée il y a une trentaine d'années, mérite-t-elle les plus grands égards et porte-t-elle en elle un potentiel énorme de succès ? Kassa ne nous offre pas une peinture indigéniste ou « ethnique » de son continent d'origine. Ne cherchez pas à retrouver uniquement l'Afrique dans les œuvres de Kassa ou particulièrement le Gabon, même si de multiples indices y renvoient souvent avec force. Il ne s'agit plus d'Afrique ou d'Europe, il s'agit de l'humaine condition telle qu'elle apparait dans son infinie variété du Nord au Sud, surtout maintenant que les contacts ont été multipliés et que le métissage a fait une percée qui ne laisse aucun doute sur l'étendue et la multiplicité des mélanges de population depuis plus d'un quart de siècle. Dans leur esthétique même, les tableaux de Kassa reprennent en partie les conquêtes du cubisme ou les envolées lyriques de Chagall, tout en faisant la part belle aux voluptueuses courbes de Matisse glorifiant les femmes. Kassa a peint les masques africains également, mais sa plus grande originalité réside dans cette symbiose des deux mondes africain et européen qu'exprime sa peinture, pour leur donner une valeur humaine universelle.
Éloge du biscornu : Kassa part du réel qu'il transfigure à l'aide de sa fougue, de son inventivité, de sa gouaille et de la fantaisie dont il regorge. Il déconstruit la réalité au besoin selon une procédure géométrique pour aboutir à un « surréel » qui peut sembler caricatural, mais qui se charge de sens pour nous donner une interprétation lumineuse ou nous faire découvrir des pans entiers du monde qui nous échappent. C'est ainsi qu'apparait le « biscornu » dans ses œuvres. Quelque chose de tellement bizarre que l'on a du mal à le croire. Mais si l'on regarde autour de nous, n'est-ce pas l'incongru et le déroutant qui dominent ? Kassa nous invite à ne plus avoir peur de ces étrangetés, mais de les accepter avec bienveillance comme des modalités inévitables du foisonnement de la vie et de la créativité de la nature dont il se fait l'écho et l'illustrateur. Le pire guette peut-être l'Humanité en ces temps incertains où la guerre gronde, le monde n'est ni pire ni meilleur qu'avant mais il continue, ayons l'humilité de l'accepter tel qu'il est, semblent dire ses personnages.
Kassa est un véritable artiste peintre de notre époque qui vit de son art, qui se consacre entièrement à sa passion, ce n'est ni un peintre du dimanche, ni un faiseur préoccupé de son apparence et de sa renommée. Autodidacte, il n'a pas été déformé par des années de soumission à des pseudo-règles de conformité avec une autorité académique supérieure. Il nous permet de partager la fraicheur de son regard sur nous-mêmes pour mieux nous découvrir. Il nous réconcilie dans sa peinture avec nos particularités, nos penchants, nos fantaisies et nos douleurs, en mettant en scène des personnages ordinaires qu'il rend fascinants et intéressants. La femme est son sujet de prédilection avec sa sensualité le plus souvent délicate et réservée, son rôle de mère si important pour l'espèce et consolateur pour nos petites misères. On pourrait à partir de cette interprétation, qualifier sa peinture d'« humaniste » si ce terme n'avait pas été dévoyé et dénigré à l'excès ces dernières années. Sans démagogie ni faux-semblant, la peinture de Kassa nous réconcilie avec la vie réelle et transmet au spectateur une force et un dynamisme qui le revigorent.
Aujourd'hui, après la tourmente des différents confinements, Kassa revient avec ses nouvelles productions qu'il n'a jamais cessé de peaufiner dans le secret de son atelier. L'exposition du Dorat est placée sous le signe du livre, vecteur de savoir, de culture, de gout et de plaisir. L'empilement des livres que les femmes portent sur leur tête avec grâce et une adresse remarquable dans certains tableaux, représente à la fois un hommage à leur beauté et à leur intelligence. Kassa reste ainsi fidèle à lui-même en nous apportant une fois de plus toute son énergie, sa clairvoyance, son enthousiasme, sa joie de vivre et son humanité, sans oublier son immense talent.
Si tu veux ta part de bonheur
Ne pense plus qu'à ça
Accroche aux murs de ta demeure
Les œuvres de Kassa
Retour à la liste
26/07/2022 à 09:48
446
{{rdo.ann_fav[275996] ? 'Sortir de' : 'Dans'}} mes favoris
Voir ses autres annonces
Lui envoyer un email
Connectez-vous pour contacter l'annonceur en instantané